Le test de la guimauve a été réalisée pour la première fois en 1970 à l’université de Stanford, par l’équipe du psychologue Walter Mischel. Il s’agissait de faire attendre les enfants et de voir ce qui se passerait. Dans une pièce sans rien pour les distraire, ces enfants recevaient une guimauve dans une assiette. Ils pouvaient parfaitement choisir de la manger tout de suite. Mais, ajoutait l’instructeur, si tu n’as pas mangé la guimauve quand je reviendrai, je t’en apporterai une deuxième. Ces enfants devaient attendre 15 minutes le retour de l’instructeur. Sur 600 enfants ayant participé à l’expérimentation initiale, une minorité a mangé la guimauve tout de suite. Mais le tiers des enfants a tenu pendant quinze minutes et obtenu une deuxième guimauve… qu’ils ont dévorées!
Je me demande combien d’enfants occidentaux seraient capables d’attendre les quinze minutes de nos jours. Je me demande surtout combien de parents seraient capables de tolérer de faire attendre ses enfants pendant ce test de la guimauve…
Amusez-vous à regarder une vidéo de cette expérience de la guimauve.
Faire attendre les enfants : ce que ça rapporte
Dans un suivi des mêmes enfants 15 ans plus tard, les chercheurs ont fait des observations. Ils se sont rendu compte que ceux qui avaient été bons à retarder la gratification, et attendre pour obtenir la deuxième guimauve, avaient mieux tourné. Ils avaient obtenu des scores plus élevés aux examens d’entrée des universités que leurs homologues du test de la guimauve. Les enfants peu patients étaient plus susceptibles d’avoir des problèmes de comportement; tant à l’école qu’à la maison. En outre, les plus patients étaient beaucoup moins nombreux à abandonner leurs études. Ils avaient des revenus sensiblement plus élevés que les plus impulsifs. Ces derniers ont d’ailleurs développé plus de problèmes d’alcool et de drogues. Faire attendre les enfants, c’est une façon de leur donner de la force devant les difficultés plus tard.
Test de la guimauve : il ne s’agit pas seulement de patience.
Il s’agit de surmonter l’impulsivité afin d’être capable de renoncer à un bénéfice immédiat, pour en obtenir davantage plus tard. C’est de cela qu’il est question quand un jeune doit décider s’il fait son travail de français… ou joue à Minecraft. C’est la même chose quand c’est l’heure des exercices de guitare. Même chose pour celui ou celle qui a à choisir entre mettre de l’argent de côté pour son projet personnel; ou le dépenser tout de suite pour un truc qu’il vient de voir. Ils seront plus forts et prendront de meilleures décisions s’ils ont appris à repousser le moment de la satisfaction.
Pour y arriver, nous devrons être celui ou celle qui accepte de faire attendre les enfants. Celui ou celle qui reçoit la crise de frustration et qui tient bon malgré tout. Refaire et refaire le test de la guimauve, d’une certaine façon. Sommes-nous capables de supporter cela? Si oui, nous aurons plus tard la formidable satisfaction d’en avoir fait des adultes forts.
C’est l’avent qui commence la semaine prochaine. La période idéale pour réfléchir à l’attente et à la force qu’elle donne à ceux et celles qui la pratiquent. Y compris les parents!
Je n’ai pas trouvé les études sur le lien père-enfant concernant le test de la guimauve. Mais les expériences de la guimauve réalisées plus tard ont démontre que si l’enfant avait vécu préalablement des situations de promesses non tenues, il échouait au test de la guimauve. Vous pouvez trouver les vidéos en ligne. C’est assez simple : avant de faire le test de la guimauve, l’intervenante dit à l’enfant qu’elle va lui apporter des crayons, elle revient plus tard sans les crayons (« je les ai pas trouvé » ou « je les ai oublié » ou sans donner des explications). Ensuite, on fait le test de la guimauve et Surprise! pratiquement tous les enfants ont échoué le test. Les chercheurs sont arrivés à la conclusion qui si un enfant est mis souvent dans des situations des promesses non tenue, il est fort probable qu’il ne va pas attendre la deuxième guimauve et ce n’est pas par manque de patience.
Une autre étude de ce genre a aussi été menée quelques années plus tard sur une population contenant deux groupes ethniques différents, et il a été démontré que l’impact de relation de confiance avec le père se reflétait aussi dans la confiance que le chercheur rapporterait réellement une deuxième guimauve, et dans la motivation de l’enfant à attendre celui-ci.
Merci de participer à la discussion! En fait, plusieurs chercheurs ont soulevé la question de la confiance que l’enfant doit avoir en les adultes pour croire qu’une deuxième guimauve suivra vraiment. Pour avoir confiance, les enfants doivent avoir été entourés d’adultes fiables et cohérents. Sans cela, comment croire qu’il y aura effectivement une deuxième guimauve? Il s’agit donc d’un préalable à la capacité d’attendre. Je ne connaissais pas d’étude ciblant particulièrement le lien père-enfant en rapport avec le sexe de l’expérimentateur, d’autant que les assistantes de recherche étaient aussi nombreuses que les assistants à jouer le rôle de « distributeur » de guimauve. Mais une chose est certaine, l’enfant doit avoir eu plus d’un adulte fiable et cohérent pour croire la promesse et tenir bon en attendant de la voir réalisée!