La désobéissance des enfants est probablement ce qui donne le plus de boutons aux parents! On croit que tous nos problèmes seraient réglés, si seulement les enfants faisaient ce qu’on leur demande de faire. En même temps, on voudrait qu’ils deviennent des adultes à l’esprit vif et inventif, et que leur action permette d’améliorer le monde.
Le problème, c’est qu’on ne peut pas avoir les deux en même temps. Les enfants à qui on apprend à obéir deviennent des adultes qui ne remettent pas les choses en question. Quand ils ont appris qu’un bon enfant obéit, ils deviennent plus tard une « bonne personne » qui obéit.
6 bonnes raisons parmi des milliers d’autres, de cultiver la désobéissance des enfants
- Degas, Monet et tous les autres impressionnistes qui ont choisi de désobéir aux règles de l’art pictural pour inventer une nouvelle façon d’en faire. Ce faisant, ils ont offert au monde tout un univers artistique qui a rendu le monde plus beau.
- Pensez aux suffragettes qu’on a ridiculisées et humiliées sans retenue pendant des années parce qu’elles demandaient l’impensable. En désobéissant aux interdictions de manifester, elles ont forcé les gouvernements successifs à reconnaître le droit de vote aux femmes.
- Les signataires du Refus global qui ont d’abord été promis aux enfers et mis au ban de la société avant que tout le Québec les suive dans une révolution pas si tranquille. On leur doit en grande partie l’initiative de la modernisation du Québec.
- Pensez à Michel Chartrand qui a fait de la prison bien souvent avant qu’on reconnaisse la valeur déterminante de son action sur les conditions de travail de tous les Québécois.
- La petite Malala, que nous admirons tous, elle aussi a désobéi haut et fort aux traditions culturelles de son pays! Je crois sincèrement qu’elle participe à améliorer le monde.
- Et songez à Louis Robert, un agronome du ministère de l’Agriculture qui a été congédié en janvier 2019 pour avoir dénoncé l’ingérence de l’industrie des pesticides dans la recherche. Sans sa désobéissance, nous n’aurions jamais su que les compagnies de pesticides s’immisçaient dans les recherches et en falsifiaient les résultats.
En leur temps, chacune et chacun d’entre eux a bien dû désobéir pour suivre sa conscience. Et nous admirons cela, n’est-ce pas ? Grâce à leur courage et leur opiniâtreté, le monde s’est amélioré.
Mais aucun d’eux n’était reposant, comme on dit.
La désobéissance est parfois courageuse
Si nous voulons que nos enfants deviennent assez forts pour s’avancer et défendre le plus faible, devenir des leaders et faire leur part pour améliorer du monde, peut-être faut-il arrêter de les vouloir conformes à la norme, tranquilles et obéissants… Ne faudra-t-il pas plutôt encourager leur esprit critique, applaudir quand ils contestent nos règles, féliciter quand ils suivent leur conscience même si, de temps en temps, cela veut dire désobéir ?
En effet, c’est difficile. Parce qu’au fond de nous, nous considérons que trouver sa place dans la communauté consiste généralement à ne pas dépasser du lot. Ne rougissons-nous pas de plaisir quand « tout le monde » trouve que nos enfants sont tranquilles et obéissants ? Il est bien vrai que le prix qu’on fait payer aux hommes et aux femmes qui sortent du rang est très élevé. On peut se demander, cependant, quel prix paient les autres pour obéir toute leur vie.
Comment leur apprendre la valeur de la désobéissance, sans en faire des têtes brûlées?
Ils l’apprendront chaque fois que nous agirons nous-mêmes en fonction de nos valeurs et de ce qui est le bien pour nous. Ils l’apprendront chaque fois que nous serons sensibles à leur vision des choses, à leur sentiment d’injustice. Puisque c’est la pensée critique qui est la clé de voûte de cette arche puissante, il nous faudra lui accorder de la valeur.
Comment faire pour que nos enfants maîtrisent les règles du fonctionnement social et en même temps soient capables de s’y opposer face à l’injustice ? En leur expliquant le sens de nos règles et en les appliquant avec cohérence, la désobéissance des enfants ne se résumera pas à de l’opposition. Ils apprendront la valeur de leur pensée critique si nous leur laissons de l’espace pour de ne pas être d’accord. Et si, plus tard à l’adolescence, nous sommes capables d’avoir des discussions sur le sens des règles avec eux. Les règles familiales, mais aussi les règles sociales.
Une voie qui permet la discussion et les erreurs
Comment leur transmettre les usages et les procédures culturelles qui donnent un sentiment d’appartenance essentiel à leur croissance et, en même temps, les encourager à faire autrement pour améliorer le monde ? Je sais que c’est difficile. Il s’agit d’un chemin étroit et délicat à ouvrir dans la jungle de nos idées toutes faites et des règles de la société… Un chemin qui permet l’opposition, les discussions, la recherche de sens et les erreurs. Bref, qui permet la désobéissance des enfants. Pour cela, il nous faut être sûrs de nos valeurs et de nos choix.
Les parents qui y arrivent
Les parents qui y arrivent possèdent trois caractéristiques fondamentales : ils et elles possèdent une vision claire de leurs valeurs et leur ordre de priorités. Ils et elles ont style plus inspirant et coopératif que directif dans l’exercice de leur autorité. Par exemple, les idées de leurs préados les intéressent et ils leur reconnaissent de la valeur; et surtout, ces parents sont capables d’apprendre et de changer d’avis. Ces parents montrent l’exemple en exprimant un esprit critique face aux événements de la vie et du monde.
Si on veut que les enfants deviennent des adultes forts qui exercent leur leadership, alors il nous faudra sans doute nous réjouir de les voir dessiner un chat bleu; ou se battre pour obtenir des toilettes neutres/non genrées dans leur école secondaire. Il faudra se délecter de leur énergie débordante, de leurs passions, de leurs combats. Peut-être même faudra-t-il honorer leur capacité de désobéir pour suivre leur conscience.
Quand l’entêtement devient de la détermination
Parce qu’avant d’être de l’initiative, on appelle souvent ça des enfantillages. Et avant que nous reconnaissions l’audace, nous l’appelons témérité. La détermination s’appelle souvent de « l’entêtement » quand ils sont jeunes. Pareil pour l’esprit critique et la liberté de penser que nous essayons pendant des années d’étouffer en nommant ça de l’effronterie et de l’arrogance.
Tous les leaders de l’Humanité ont transgressé les normes et choisi de désobéir d’une façon ou d’une autre. C’est à cause de leur capacité à le faire que le monde change. Mais personne n’a jamais dit que c’était reposant pour leurs parents et leurs éducateurs.
A ce jour, avec la population de jeunes parents hyperconnectes, travaillant beaucoup, etant peu présents, avec de gros beugs de compréhension pour la logique humaine je ne pense pas JUDICIEUX de solliciter cette particularité d’éducation. Et puis les personnages cités sont des ADULTES qui se sont obstinés pour des raisons profondes et fondamentales.ON NE DEVIENT PAS UN GRAND DESOBEISSANT parce que l’on a été un enfant DESOBEISSANT. La désobéissance oui, après l’adversité des idées. Mais je doute que les parents soient prêts à répondre aux besoins de l’argumentation à l’aboutissement de cette philosophie. Attention aux débordements
Merci de participer à la discussion! Moi aussi je me demande si les parents sont prêts à accueillir vraiment la pensée critique de leur enfant. C’est que ce n’est pas facile! Cependant, on peut certainement dire qu’on ne deviendra jamais un grand désobéissant si on ne l’a jamais été enfant. Les travaux de Zimbardo sur l’héroïsme et les actes de bravoure vont dans ce sens : les personnes qui ont posé des actes héroïques avaient déjà fait la démonstration de leur capacité à agir en-dehors de la norme et des règles. Comme vous le dites, tout est dans l’équilibre entre pensée critique et raisonnement.
L’AVENTURE
La vérité, dit le zen, n’a rien à voir avec l’autorité, la tradition ou le passé. C’est une connaissance radicale et personnelle, une expérience individuelle. Il appartient à chacun de la découvrir. La connaissance primordiale est sûre. La quête de la vérité personnelle est une très grande insécurité. Personne ne peut vous garantir quoi que ce soit. Si vous me demandez des certifications, je vous répondrai que seuls les dangers sont certains. Je peux vous assurer que vous pouvez à tout moment vous égarer de votre route et que vous avez très peu de chances d’arriver au but. Mais une chose est sûre : le simple fait de chercher votre propre vérité vous fait grandir. Je peux vous garantir une croissance intérieure. Il faudra affronter les dangers et faire des sacrifices, avancer chaque jour vers un terrain inconnu et imprévisible, et ce, sans carte routière, sans guide. Oui, ce sera laborieux et vous vous perdrez souvent, mais c’est la seule façon de mûrir. C’est en traversant l’insécurité que l’on grandit. Seul celui qui fait face aux défis de l’incertain apprend sa vérité intérieure.
Chaque fois que nous accédons à quelque chose de neuf et d’inconnu, avec la confiance d’un enfant innocent, ouvert et vulnérable, les moindres choses de la vie peuvent devenir les plus grandes aventures.”
Osho, Le Tarot Zen