Karine a besoin de faire sa liste du bonheur. Elle se relève des « vacances » des fêtes, encore plus épuisée qu’au 23 décembre. La petite a été malade, la belle-mère a été plate, son amoureux et elle se sont disputés deux ou trois fois. Et sur des niaiseries, en plus. Des fêtes vraiment décevantes, alors que ce devrait être une période magique de bonheur, surtout avec des enfants. À la place, Karine se sent flouée et vidée.
Rentrer les enfants dans notre agenda ?
Peut-être que les fêtes de Karine auraient été moins épuisantes si elle et le père de l’enfant n’avaient pas maintenu leur agenda de réceptions malgré le fait que la petite était malade. Mais comment dire à la belle-mère qu’on n’ira pas à son souper de Noël? me répond-elle. En effet, ce n’est pas facile. Et l’idée de vivre avec les répercussions d’un tel coup d’État nous arrête bien souvent. Toute l’année, les parents doivent se conformer à de nombreuses attentes collectives : gagner largement sa vie, avoir une maison bien entretenue. Avoir un travail valorisant, s’occuper des réparations à faire et inscrire ses enfants à des activités intéressantes. Toute l’année, des conventions sociales jalonnent le calendrier. Il semble que nous devions « rentrer » les enfants dans tout ça.
Moi aussi j’ai déjà cru que tout cela. Moi aussi j’ai placé les enfants devant la télé afin de faire « ce qu’il y avait à faire ». Je les ai bousculés le matin pour les faire rentrer dans l’horaire. Je leur ai dit si souvent « Pas maintenant » qu’ils ont fini par ne plus insister. Oui, j’ai pensé qu’on aurait du bonheur plus tard.
Faire une liste de bonheur
Un jour, j’ai réalisé que quelque chose clochait dans mon beau plan bien organisé de parentage. Je ne trouvais pas tellement de joie dans cette vie de parent. Alors j’ai fait la liste des activités et occasions qui me donnaient du bonheur et de la joie avec mes enfants. Il ne s’y trouvait vraiment rien d’extraordinaire… Se lancer dans la neige folle et y tracer un ange en bougeant les bras et les jambes. Lire une histoire, collés ensemble; les bercer jusqu’à ce qu’ils s’endorment dans mes bras. Faire une cabane dans le salon avec des couvertures et les coussins du sofa, et y prendre ensemble la collation.
J’ai trouvé du bonheur dans nos activités de cuisine ensemble qui viraient souvent en expérience de chimie. Dans les figures fantastiques que nous trouvions dans les nuages, couchés dans l’herbe. Dans les parties d’échecs que le plus vieux perdait si souvent, jusqu’au jour où il m’a battue et rayonnait de fierté ! Pendant leur adolescence, j’ai trouvé ma joie dans leur musique qu’ils me faisaient écouter. Dans les discussions sur l’amour et la mort. Pendant nos randonnées en forêt sur la montagne. Au cours de nos turbulentes parties de Colons de Catane.
Encore aujourd’hui, alors qu’ils sont de jeunes adultes, ma liste du bonheur ne compte rien d’extraordinaire. Des discussions, des soirées de cinéma, des jeux de carte et encore d’autres discussions. Finalement, j’y trouve surtout des moments passés ensemble. Il n’y a rien vraiment qui puisse remplacer le temps qu’on passe ensemble.
Ce qui ne se trouve pas sur cette liste du bonheur
Ce qui ne se trouve pas sur cette liste du bonheur est peut-être le plus intéressant. Je n’y ai jamais inscrit que plier du linge pendant que les enfants jouent dehors m’apportait de la joie. Ni de les reprendre pour la troisième fois devant leur grand-mère qui fronce les sourcils. Ni d’avoir eu la plus belle pelouse du quartier.
Sur ma liste de bonheur, je n’ai jamais trouvé la course effrénée du matin pour les amener à la garderie. Ni les soirées à travailler pendant qu’ils regardaient la télé. Ni aucune des innombrables recommandations d’experts.
Savez-vous ce que je regrette aujourd’hui? C’est d’avoir trop souvent choisi de plier du linge au lieu de passer du temps avec eux. C’est d’avoir cru si souvent qu’il valait mieux faire plaisir à ma belle-mère, plutôt que de rester à la maison à prendre soin d’une grippe. Je regrette qu’il m’ait fallu tout ce temps pour comprendre que nourrir mes liens avec ceux que j’aime remplit mon cœur de joie. Jamais une maison propre n’a eu cet effet.
Qu’y a-t-il sur votre liste ?
Qu’est-ce qui se trouve sur votre liste du bonheur? Qu’allez-vous retirer de l’agenda pour y faire entrer ces choses ordinaires qui tissent des liens avec vos enfants? Quand est-ce que vous avez du plaisir à être un parent? Qu’est-ce que vous faites avec eux et qui vous remplit le cœur ? Faites-le. Faites-le souvent. Maintenant.
C’est pour ça qu’on a fait des enfants.
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