Avez-vous suivi toutes les recommandations faites aux parents, concernant le développement de votre enfant ? Moi, je les ai écoutés, bercés, consolés, encouragés. J’ai fait mes purées maison. Je ne leur ai fait boire que du vrai jus et manger des légumes tous les jours. N’ai-je pas été une bonne mère? En plus, je leur ai lu des histoires tous les soirs. Je me suis traînée aux réunions de classe. J’ai assisté à tous les matchs de soccer. Ils ont fait de la musique, de la danse et du théâtre. Alors, n’ai-je pas été une bonne mère?
Et pourtant, je n’ai pas passé la soie dentaire à mes enfants. À aucun des trois. Jamais.
On recommande maintenant de passer une débarbouillette humide sur les gencives de bébé jusqu’à ce qu’il ait assez de dents pour utiliser la brosse. En l’apprenant, j’ai failli pleurer pour les milliers de jeunes parents encore un peu plus écrasées sous le poids de la liste des recommandations faites aux parents. L’interminable liste maudite, de choses à faire pour être un bon parent. On leur fait croire qu’il faut réaliser toutes ces recommandations pour le « meilleur » développement de l’enfant. Mais c’est faux, bien sûr.
Les recommandations font-elles un meilleur parent?
Premièrement, chaque expert de chaque sujet d’étude dans chaque champ d’expertise a une liste de recommandations qu’il transmet aux parents. Santé dentaire, motricité, socialisation, santé mentale, vaccins, sécurité, loisirs, stimulation, langage, alimentation, sommeil, jeux, lecture, cognition, santé des yeux, scolarisation, alouette !
Deuxièmement, il doit bien y avoir autour de 700 recommandations faites aux parents à cocher chaque jour afin de s’assurer que notre enfant se développe bien. Et elle ne cesse de s’allonger! En conclusion, peu importe de quelle façon on le prend, il est impossible de réaliser toute la liste.
Impossible.
On a beau faire de notre mieux, on n’en fait « jamais assez ». Sans compter que chaque fois qu’on y pense, notre sentiment de compétence rétrécit à vue d’œil. Plutôt que de continuer d’essayer de réaliser l’impossible, peut-être est-il temps de choisir ce qui nous apparaît le plus important parmi toutes ces recommandations. C’est-à-dire choisir ce qui est possible pour nous et ce qui correspond à nos valeurs et à notre situation familiale.
Choisir parmi les recommandations faites aux parents
Si nous voulons récupérer de la force, il nous faudra bien arrêter de faire semblant que l’impossible est possible. Il nous faudra surtout décider de ce qui est le plus important POUR NOUS et laisser aller le reste.
Je n’ai jamais passé la soie dentaire à mes enfants. Chaque fois que je dis ça, il se trouve toujours une hygiéniste dentaire dans la salle pour m’expliquer gentiment que ce n’est vraiment pas compliqué de passer le fil dentaire. Mais il ne s’agit pas de la complexité du geste. C’est la quantité de recommandations à suivre qui rend la chose écrasante. Le plus important est de refuser de faire semblant plus longtemps que l’impossible est à portée de la main. Je ne suis pas en train de dire que la soie dentaire n’est pas importante. Je suis en train de dire que sur ma liste à moi, j’ai choisi autre chose qui m’apparaissait plus important. Parce qu’il n’y a que moi pour savoir ce qui est le plus important pour ma famille.
C’est la même chose pour vous.
Qu’allez-vous enlever de l’impossible liste des recommandations faites aux parents, finalement?
J’ai assisté à la conférence pour les parents et le setiment de compétence parentale, il y a quelques années et j’y adhère.
En ces temps difficiles, je l’applique à toutes les sphères de ma vie de maman qui travaille…
La question que je me pose c’est comment faire comprendre ce principe à tous ces spécialistes?
Bonjour Jessica,
Je comprends tellement la pertinence de votre question! Je ne connais pas la réponse qui règle toutes les discussions avec les spécialistes, mais j’ai envie de vous suggérer de revenir au regard « général ». C’est-à-dire de prendre de la distance par rapport à un aspect pointu du développement de notre enfant (et qui est celui de l’expertise du spécialiste) pour offrir une lecture générale de la situation, un regard global. Genre : « Je vous entends bien sur la santé dentaire, ne vous inquiétez pas. Et sachez que je suis attentive au développement global de PetitPierre, pas seulement celui de ses dents. Pour l’instant, l’ensemble se passe bien et je prends les décisions en ce sens. » Je veux dire qu’il faut que nous-mêmes nous nous rappelions que c’est l’ensemble du développement qui importe le plus… L’enfant est plus grand que la somme de ses parties 🙂 Et peut-être est-ce utile de le rappeler aussi aux spécialistes.