On parle souvent du développement de l’enfant et presque jamais jamais du développement du parent. Pourtant il existe bel et bien une courbe développementale, c’est-à-dire de progression, qui va bien au-delà de la simple accumulation d’informations. Exactement comme l’enfant se définit comme personne à mesure de son développement, avec ses particularités, ses croyances et ses modes d’interactions sociales; de la même façon, un parent se définit comme parent au fil des étapes de développement de cette grande aventure.
Le développement du parent : plus qu’une accumulation d’information
Le monde de la parentalité est loin d’être le terrain plat que les penseurs et pédagogue du développement de l’enfant semblent croire. L’image que nous entretenons à propos de ce modèle laisse croire que le contenu, les compétences et les informations s’ajoutent et se contruisent sans que le parent lui-même, sa mentalité et ses interactions au monde ne changent. Malgré l’absence de données de recherches sur le sujet, je suis convaincue que ce n’est pas le cas.
La courbe d’apprentissages des parents ne se résume pas à des couches d’informations qui s’accumuleraient les unes par-dessus les autres. Au contraire, je crois qu’il s’agit de quelque chose de tout aussi organique que l’apprentissage du langage ou le développement de l’empathie.
Tâche ou espace de développement ?
Cependant, nous abordons généralement l’expérience parentale comme s’il s’agissait d’un espace séparé du reste de sa vie, étanche et indépendant. Séparé de tout le reste, la parentalité ne devient-elle pas une simple tâche à réussir? Si l’on nourrissait plutôt une vision développementale de la parentalité, alors ces pères et mères pourraient avoir une perspective de progression par rapport à leur rôle. Cette façon de voir leur permettrait de repousser l’écrasant sentiment de devoir combler les milliers de recommandations établies pour le meilleur développement de l’enfant. réduit trop souvent le parent à une tâche.
Avec une vision développementale organique du rôle parental, chaque parent pourrait se placer dans une perspective d’apprentissage de leur développement du parent. Au lieu de cela, la plupart des parents doivent l’être malgré tout le reste de la vie et se sentent incompétents la plupart du temps.
Le tout plus grand que la somme des parties
Le parent qui se présente à une rencontre avec l’enseignant est aussi l’amoureux ou l’amoureuse de quelqu’un, et la qualité de cette relation amoureuse a certainement un impact sur son rapport à l’enfant. Ce parent est peut-être aussi un·e employés qui vient de perdre son travail; ou une personne qui travaille 79 heures par semaine parce que son entreprise est en démarrage. C’est peut-être quelqu’un dont l’empathie est surutilisé ces temps-ci. Mais personne n’abordera ces questions. Le privant ainsi d’une masse de connaissances et d’expériences utiles à son rôle parental.
Développement après 35 ans ?
La parentalité est à la fois partie prenante de la croissance humaine et en même temps, elle possède un champs d’exploration unique. Comment se fait-il qu’on parle assez peu du développement de la personne après 30 ans ? Précisément dans ces années où nous agissons le plus sur notre monde.
Dans sa théorie du développement psychosocial de la personne pour les 35 – 65 ans, Erikson parle du stade: » Attention; Générativité versus Stagnation « . J’ai envie de hurler de rire à l’idée qu’il n’a pu imaginer qu’un seul stade de développement entre 35 et 65 ans! En plus, dans sa démonstration, il place la parentalité sur le même pied que l’implication sociale! Ayoye. On repassera pour le développement du parent.
Le développement est organique
Je peux vous assurer que la parentalité a modelé la personne que je suis et suscité des vagues de développement qu’aucune implication sociale n’aurait pu susciter. Pendant toutes ces années, mon développement s’est poursuivi; ma parentalité tissant la personne que je suis en modfiant tous les autres champs de ma vie. Et vice versa. Tout est dans tout, comme disait Raoul Duguay; ma parentalité altère la courbe de mon développement affectif et sociale, entre autres; et ma vie sociales altède ma courbe développementale de parent.
Les parents ont leur propre courbe de développement du parent. Cette évolution est organique et n’est pas séparé du reste de sa personne. Je veux en tenir compte dans mes interventions.