Le mot bénévolat semble toujours un peu poussiéreux. Pourtant, il y a longtemps qu’il ne se résume plus aux vieilles dames qui s’ennuient et trouvent leur salut dans l’aide aux pauvres. (!) L’idée de donner de ses ressources gratuitement est aussi vieille que l’humanité et a porté bien des noms : la charité, la solidarité, l’entraide, l’engagement social et bien d’autres encore. Ce qu’on oublie d’en dire, c’est qu’il sauve littéralement nos vies.


Nous avons tous besoin que quelqu’un ait besoin de nous.

Vous avez sans doute déjà remarqué que recevoir donne envie de donner. Cet appel profond qui surgit quand nous avons été l’objet d’un don est puissant. Rappelons-nous la fois où notre beau-frère est venu nous aider à déménager ! Le sentiment de gratitude nous a rendus plus attentifs aux besoins des autres. Et peut-être avons-nous posé un geste d’entraide ce soir-là, sans savoir qu’il s’inscrivait dans un grand dessin millénaire de l’humanité.

Quand nous faisons du bénévolat , sans doute expérimentons-nous ce profond sentiment d’appartenance que crée l’occasion de redonner. Nous avons tous besoin que quelqu’un ait besoin de nous. Ce qui nous relie les uns aux autres, c’est donc nos manques, nos faiblesses, nos besoins d’aide. Quand nous nous engageons dans une activité bénévole , nous demandons donc aux autres de nous laisser vivre cette réciprocité.

La réciprocité nous relie

Et la vie est tellement bien faite que la réciprocité n’a pas besoin d’être directe. Je n’ai pas souvent déménagé mon beau-frère, mais j’ai fait bien des brassées de lavage pour de nouveaux parents. C’est pour ça que le bénévolat est ce qui détermine le plus la qualité du tissu sociale d’une communauté : la réciprocité du don, non équivalente et incessante, qui nous relie les uns aux autres.

Dans cette réciprocité, il ne s’agit pas de rendre, bien sûr, car alors on serait dans une logique économique. Comme on l’a déjà dit, la logique du don n’a rien à voir avec les lois du marché et du capitalisme. Rendre, ce serait travestir l’esprit du don et de l’action bénévole. On en reconnaît les signaux dans le refus de ceux qui ne veulent rien devoir à personne. D’une certaine façon, ils se condamnent eux-mêmes à une sorte d’exile intérieur : côtoyer leurs semblables, mais ne pas pouvoir tisser de véritables de liens avec eux.

Les enfants ont aussi besoin de se sentir utiles

Voilà pourquoi il est si important de permettre aux enfants de faire du bénévolat. En les initiant jeunes à cette « économie du don », nous activons des facteurs de protection face à la culture de surconsommation. Chaque activité bénévole leur fait expérimenter cette profonde satisfaction de faire sa part, d’être utile. Les enfants ont si peu l’occasion de se sentir utiles. Beaucoup de choses sont à leur portée. Il suffit que nous leur en donnions l’occasion.

bénévolat des enfants

Encore plus que les effets positifs de donner de son temps et de l’empathie qu’ils expérimentent, donner accès aux enfants au sens profond de l’entraide aux enfants, c’est aussi leur rappeler que nos dons et nos talents sont faits pour être partagés ; et non pas gardés jalousement.

Le bénévolat, créateur de liens sociaux

L’action bénévole comme on l’entend généralement concerne le temps et les capacités que l’on offre à des personnes que nous ne connaissons pas; des étrangers. On peut faire du nettoyage de berges, de l’aide aux devoirs, coudre des couvertures pour les personnes itinérantes, servir de la soupe à l’Accueil Bonneau, entretenir le jardin fleuri du CHSLD, bercer des bébés aux soins intensifs. Il n’y pratiquement pas de limites! Les bénévoles sont partout et tiennent littéralement les communautés dans leurs bras. En fait, aucune société ne fonctionne sans le don et c’est tout le reste qui vient en surplus.

Tout simplement parce que c’est la réciprocité du don qui crée les liens sociaux; le fait que nous donnons et recevons à tour de rôle. C’est cette circulation dans les deux sens qui tisse les liens qui nous relient, et donne de la valeur à ces liens.

La réciprocité du don

Cette idée du bénévolat est donc en opposition avec le « marché » et l’État, où les choses circulent toujours avec une équivalence monétaire et une obligation contractuelle. Le bénévole, lui, ne s’attend à aucun retour équivalent. Et c’est toute la beauté de la chose.

Ça ne veut pas dire qu’il ne reçoit rien. « Je reçois bien plus que je donne » est sans doute la phrase la plus souvent citée des personnes bénévoles. Mais ce qu’elles reçoivent a une valeur qui ne trouve pas d’équivalence dans notre société de consommation. Il ne s’agit pas d’une richesse qui s’accumule ; macis de quelque chose qui s’épanouit et nous transforme. Il s’agit d’un enrichissement intérieur ; le sentiment de profonde satisfaction de réciprocité qu’apporte le fait d’avoir fait sa part.


Cette relation libre qui caractérise le bénévolat repose sur le principe du don. Sa principale caractéristique est de ne pas supposer un retour équivalent. Non pas qu’il n’y ait pas de retour au sens où le geste posé serait un « sacrifice ». Les retours sont au contraire multiples et souvent plus importants que dans le secteur monétaire. – Jacques T. Godbout,
in Traité des problèmes sociaux, chapitre 48, pp. 981-994 ; Institut québécois de recherche sur la culture, 1994, sous la direction de Fernand Dumont, Simon Langlois et Yves Martin

La nécessité du don

Quand nous nous engageons dans une activité de bénévolat, nous ne faisons pas que « donner. » Nous enrichissons le tissu social de notre communauté ; nous créons le désir de donner chez d’autres personnes ; nous reconnaissons que, pour vivre, nous avons besoin des autres. Parfois pour leur donner et parfois pour recevoir d’eux.

France Paradis

France collabore régulièrement au magazine Naître et grandir et au site Maman pour la vie. Elle offre un éventail de formations aux intervenants sociaux de nombreux champs de disciplines. Vous trouverez les détails ci-haut, sous l'onglet "Formations intervention sociale"

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