Nous avons tous et toutes des regrets ; et nous nous débattons avec. Être un parent, c’est fabriquer régulièrement (et involontairement) des regrets. Au lieu de se morfondre ou se taper sur la tête, vaut mieux apprendre à faire la paix avec nos regrets de parents.
Peut-être avez-vous déjà croisé des parents qui déclarent qu’ils ne regrettent absolument rien. Il ne faut pas les croire. Si nous n’avons pas de regrets, c’est probablement que nous souffrons d’amnésie. On se plante tous un jour ou l’autre avec nos enfants.
On pourrait définir les regrets par des sentiments de chagrin ou même de honte en regard de décision ou d’actions du passé. Quand on est parent. Il y a tellement de choses qu’on peut regretter !
Faire la paix avec nos regrets de parents
- Avoir crier après nos enfants trop souvent
- Les avoir rentrés au CPE si tôt alors que ça passe si vite.
- De ne pas les avoir crus quand ils avaient mal au ventre alors que c’était vrai.
- De n’avoir pas mieux protégé les plus jeunes des plus vieux.
- Ne pas l’avoir inscrit au hockey parce que ça ne nous tentait pas de faire 300 km le samedi matin pour un tournoi.
- De ne pas les avoir amenés plus souvent chez leur mamie ; ce qui fait qu’ils l’ont moins connue (et moins aimée).
- N’avoir pas tenu bon dans la discipline de… (jouer d’un instrument, faire son lit, mettre un casque, faire ses devoirs, etc.)
- D’avoir passé tellement de temps à les gosser pour leurs devoirs, alors que ça aurait pu être du bon temps ensemble.
- Ne pas avoir compris plus vite qu’il avait des problèmes d’audition.
- De lui avoir donné une grosse claque sur les fesses.
- Et tant d’autres choses…
Regrets, pas culpabilité
Le grand défi consiste à nous permettre de connaître des regrets sans qu’ils nous démolissent. C’est sans doute la différence entre les regrets de parents et la culpabilité de parent ; cette chose amère et sulfurique qui défigure la réalité. La culpabilité nous écrase alors que les regrets peuvent devenir des sources d’apprentissage. La culpabilité, c’est la grande roue du manège de la misère mentale et affective. Nous devenons de meilleurs parents quand nous commençons à faire la paix avec nos regrets de parents. Nous ne sommes pas de meilleurs parents parce que nous sommes ensevelis sous la culpabilité; à obséder sur des décisions ou des actions passées. Rejouer les scènes en souhaitant avoir agit autrement ne sert vraiment à rien ni à personne.
Les erreurs de parents sont comme les vagues qui frappent régulièrement les rochers et en laisse la surface si lisse. Personne ne songe à se désoler de ces assauts de l’océan ; tout simplement parce qu’il est dans la nature de l’océan de faire des vagues. De la même façon, les regrets font partie de la nature des parents. Reconnaîtreque nos regrets pour les erreurs commises sont aussi inévitables que les vagues nous aide à faire la paix avec nos regrets de parents.
Ne jugez pas hier avec vos lunettes d’aujourd’hui
La meilleure façon de faire la paix avec nos regrets consiste à arrêter d’examiner les situations passées avec nos connaissances et notre vision d’aujourd’hui. Nous faisons tous et toutes cela à un moment ou à un autre. On lève les bras au ciel en se demandant comment on a pu faire une chose pareille ! Comment avons-nous pu prendre une telle décision qui nous apparaît stupide aujourd’hui parce qu’on sait maintenant quelles en ont été les conséquences. Quand nous faisons cela, nous sommes profondément injustes envers nous-mêmes.
Vous regrettez aujourd’hui d’avoir parfois crié sur vos enfants. Sauf qu’aujourd’hui vous êtes calmes, reposés et sans aucune urgence. Je peux vous garantir que si vous aviez été dans le même état à l’époque, vous n’auriez pas crié. On prend toujours les meilleures décisions qu’on peut prendre, au moment où les prend et dans l’état dans lequel on se trouve. Rappelons-nous que jamais aucun parent ne s’est dit :« Qu’est-ce que je pourrais faire pour faire du tort à mon enfant ? Ha tiens !Je sais ! Je vais lui crier dessus. »
En martelant que vous auriez dû l’amener chez le spécialiste bien avant le moment où vous l’avez fait, rappelez-vous que la vie n’est pas un scénario de film : la fin n’est jamais écrite. Au moment de décider de la prochaine étape du parcours d’un enfant à besoins particuliers, souvenez-vous que vous avanciez dans une forêt vierge et que vous deviez ouvrir votre chemin, et celui du petit, à la machette. Vous ne vous teniez pas debout face au sentier bien tapé, sur lequel on peut maintenant courir.
L’humilité fait toujours de nous de meilleurs parents
Le meilleur de nous-mêmes ne prend-il pas naissance dans les sédiments de nos regrets? Les leçons des erreurs que nous avons commises se déposent doucement avec le temps et font sourdre l’humilité.
Le parcours de tous les parents est fait d’essais et d’erreurs. Nous en vouloir pour des actions passées, ce serait nous en vouloir de ne pas avoir su. Ou de ne pas avoir pu. Si on ne savait pas, on ne savait pas. C’est tout. Voilà pourquoi faire la paix avec nos erreurs de parents nous enseigne l’humilité. L’humilité de reconnaître que nous avons fait de notre mieux, ni plus ni moins. Et que notre mieux n’a pas toujours scoré.
Nos erreurs sont précieuses. Même celles qui ont eu des conséquences vraiment plates. Même celles qui ont heurté des gens que nousaimons ; qui nous ont coûté beaucoup d’argent, beaucoup de temps. Peut-être des années de notre vie ou de la vie de nos enfants.
Vous trouverez ici, un exercice d’écriture qui devrait vous permettre de faire la paix avec vos regrets de parents. Même les gros.
Embrasser nos erreurs
Le chagrin et la grande tristesse face aux résultats de nos erreurs demandent à être embrassés pleinement. Non pas repoussés tout au fond de soi, ou déniés. Même si ces deux options amènent un répit temporaire, elles nous nuisent au bout d’un certain temps, parce que le dénie nous empêche toujours d’apprendre. Et de faire la paix avec nos regrets de parents.
Nous apprenons de nos erreurs dans la mesure où nous les acceptons pleinement. En refusant de les regarder bien en face, nous n’apprenons rien. En examinant honnêtement les circonstances de nos erreurs, nous verrons notre humanité, nos imperfections. Et sans doute verrons-nous également notre réel souci des enfants, nos bonnes intentions. Et quand vous serez devant ce que vous n’aimez pas de vous, faites appelle à votre compassion envers vous-même.
Apprivoiser nos monstres
En entamant une sorte de dialogue avec nos erreurs, nous apprivoisons nos « monstres »; ces côtés de nous que nous tentons de cacher au plus grand nombre. Et parfois même à nous-mêmes. Nous croyons que nous devrions être meilleurs que ça. Mais ça ne fonctionne pas ainsi. On devient meilleur parce qu’on apprend ; pas parce qu’on s’autoflagelle.
Tous les parents ont leur « monstre ». Et il faut avoir beaucoup de courage pour s’en approcher et les laisser nous apprendre ce qu’ils ont à nous apprendre.
Courage et paix
Je sais que vous avez du courage. Je l’ai si souvent vu à l’œuvre dans vos maisons, dans les épiceries, à l’école et sur les terrains de soccer. Vous étiez là, tous et toutes, pleinement debout auprès de vos enfants. Et chaque fois, vous m’avez rendue plus courageuse.
Après? Après, la tristesse commencera à refluer. Elle se diluera tranquillement, au fil des ans, au milieu de l’acceptation, de votre compassion. C’est un espace de paix qui s’installe alors. Et c’est une bien belle place pour regarder sa vie de parent.
Bonjour ,je me demande si la réciproque est vraie?? Car personnellement je crois ne pas avoir grand chose à me reprocher ,mais par contre, j’ai bien reçu !!!
Allo France,
J’ai déjà eu, moi aussi, des regrets de parents. Des situations où je n’ai pas agi comme j’aurais voulu. Mais aujourd’hui, alors que mes enfants sont adultes (2 sur 3 en tout cas !), ils ne se souviennent pas de ces moments. Et moi, les souvenirs qui me restent de leur enfance sont généralement très bons. Avec le temps, on dirait que la mémoire fait un tri et ne laisse (à l’avant plan du moins) que les beaux souvenirs. Merci pour ton texte de ce matin qui me servira sûrement à « consoler » certains parents !