La mort d’un enfant est un sujet difficile. Mon amie Hélène est en train de dégeler. Nous nous affairons à nos tâches quotidiennes, à nous inquiéter du changement d’huile qu’il faut faire faire et à mille autres choses sans importance. Hélène, elle, se remet tranquillement de la main glacée qui a dévasté sa vie et l’a laissée pantelante au milieu du décor vide. Après la touchante et cérémonie d’adieu que nous avons faite à sa fille, après que tous ces amis l’aient serrée sur leur coeur, Hélène a tout de même mal aux bras. Sa fille n’y viendra plus jamais.

On n’a pas idée de la douleur des parents qui perdent un enfant. Essayez de l’imaginer et vous en serez encore à des années-lumière. C’est peut-être à cause de cette douleur qu’on n’ose pas les approcher. On pense peut-être que d’en parler aggravera la blessure. Mais on se trompe. Ce qui fait d’autant plus mal, c’est le silence. Le néant. C’est déjà assez affreux de voir mourir un de ses enfants sans que la communauté ne le fasse disparaître en ne prononçant plus son nom. Si vous lui posez la question, Hélène vous dira qu’elle a toujours deux enfants. Un grand qui fait son chemin et une fille qui n’est plus là…

C’est vrai de tous ceux qu’on a aimés et qui n’y sont plus. Mais la mort d’un enfant est un abysse de douleur. D’autant plus si cette douleur semble effrayer l’entourage.

Je songe à Nathalie et Marc qui ont accompagné leur petite fille dans un combat perdu d’avance contre la vie. Je me souviens du silence qui les accueillait quand ils arrivaient quelque part pendant les mois qui ont suivi le décès de Théodora. Au bout de trois ou quatre mois, je m’étais avancée vers eux. La gorge nouée, avec le sentiment d’être maladroite, pour leur dire que je pensais souvent à eux et à Théodora. Alors que je regrettais déjà d’avoir fait ce pas, Marc m’avait prise dans ses bras avec un grand sourire et murmuré merci à l’oreille. La mort d’un enfant ne le fait pas disparaître de la vie de ses parents.

La mort d’un enfant ne l’efface pas de notre vie

Mille signes rappellent ceux et celles qu’on a aimés et qui n’y sont plus. Une chanson qu’il aimait, un jeu auquel elle excellait, sa couleur préférée, une robe qu’elle avait cousue pour nous… Prononcer le nom de ceux et celles qui nous ont quittés, dire leur joie et rappeler ces signes qui sont les leurs, tout cela n’a rien de morbide. Bien au contraire, c’est surtout reconnaître la part qu’ils et elles ont eue dans notre vie, la place qu’ils tiennent encore dans nos cœurs. Surtout, c’est peut-être dire à ceux qui les ont aimés encore plus que nous Tu vois je ne l’ai pas oubliée… elle n’a pas été effacée de la vie…

la mort d'un enfantDorénavant, ne doutez pas un seul instant que tous les Marc, Nathalie et Hélène pensent à leur petit. Pas tout le temps. Pas à chaque instant. Mais ils pensent à eux. Et ils espèrent que ceux et celles qu’ils ont aimés si profondément n’ont pas été effacés de la vie. Ils espèrent, plus que tout, que leur enfant habitent encore nos souvenirs heureux.

Alors, pendant les vacances, à Noël, à la fête de grand-maman, si quelque chose vous rappelle ces enfants, dites-le. Dites-le à ceux et celles qui les ont aimés et pensent souvent à eux. Dites-le tout simplement.

Parce que ça aide les vivants.

France Paradis

France collabore régulièrement au magazine Naître et grandir et au site Maman pour la vie. Elle offre un éventail de formations aux intervenants sociaux de nombreux champs de disciplines. Vous trouverez les détails ci-haut, sous l'onglet "Formations intervention sociale"

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