Tous les intervenants psychosociaux n’ont pas la chance d’avoir chaque semaine une rencontre de supervision avec un ou une interlocutrice qui nous permet d’apprendre. Parfois, il n’y a simplement aucun mécanisme de supervision de prévu, d’autres fois, ce temps qui devrait être réservé aux apprentissages à tirer de nos expériences, est détourné de son objectif. Si c’est votre cas, ce petit guide d’autosupervision a été réalisé en pensant à vous. L’autosupervision peut être extrêmement efficace si elle est faite avec honnêteté.

Mode d’emploi de l’autosupervision

Au moment d’entamer un processus d’autosupervision, choisissez une situation/intervention qui vous tracasse parce qu’elle ne s’est pas bien déroulée ou tout simplement parce que vous ne vous sentez pas bien en y pensant. Si certaines questions ne résonnent pas pour vous, passez simplement à la suivante. Pour chacune des autres, prenez le temps de laisser «descendre» la question avant d’y répondre. Puisqu’il s’agit d’autosupervision, nous allons compter sur nos connaissances intrinsèques; autant leur permettre de s’exprimer.

Pour ceux et celles qui ont suivi une de mes formations en empowerment, vous reconnaîtrez certaines questions. Pour les autres, répondez simplement le plus honnêtement possible aux questions. Le travail d’autosupervision n’est pas un lieu de justifications; personne ne vous juge ici. Abordez cet exercice comme un espace de réflexion dans lequel nous suspendons la qualification de nos actions pour simplement les voir et les comprendre mieux. Ce travail d’introspection peut devenir un outil d’apprentissage important si vous choisissez de le faire régulièrement, disons une fois par semaine. Vous pourriez même vous en servir avec des collègues qui auraient le même intérêt que vous pour l’apprentissage empirique. Par exemple, chacune réfléchit sur une intervention avec ce petit guide et partage ensuite ses réflexions avec les autres , dans un petit groupe soigneusement choisi de personnes non jugeantes. L’autosupervision deviendrait alors un outil de codéveloppement.

Je vous suggère de répondre aux questions par écrit plutôt que mentalement. C’est que l’activité de la main étant plus lente que celle de la pensée, elle ralentira le flot d’idées et d’associations qui se précipite en général dans notre esprit. En ralentissant la vitesse de défilement, nous permettons à la réflexion de s’approfondir. L’autosupervision devient alors vraiment utile.

autosupervision - France Paradis FormationsPetit guide

Décrire la situation/intervention en s’en tenant aux faits

Quel était l’objet de l’intervention? (l’objectif, le but, la nécessité)

L’intervention est-elle restée focussée sur cet objet/objectif/but?

Comment je me sens en songeant à cette situation/intervention? (émotions, pensées)

Quelle émotion est la plus importante parmi toutes celles que je ressens?

Si je lui donnais un nom ou une image ou un symbole, quel serait-il/elle?

Qu’est-ce que je peux dire à propos de ce mot/image/symbole? Comment pourrais-je la décrire le mieux possible?

Comment ce nom/image/symbole résonne ou évoque pour moi et dans cette situation/intervention particulière?

D’autres questions de supervision / autosupervision

Dans cette situation/intervention, de quelle façon ai-je tenu compte de ce que la personne manifestait et exprimait? Est-ce que quelque chose m’empêchait de «l’entendre»? Développez là-dessus si c’est pertinent.

Était-ce le meilleur moment pour avoir cette intervention?

Était-ce le meilleur lieu/espace pour le bon déroulement de cette intervention?

Est-ce que les temps de parole ont été équitablement répartis entre la personne et moi? (ou bien l’un d’entre nous a parlé davantage que l’autre?)

Ai-je dit la vérité à la personne dans cette situation/intervention? Ou bien ai-je omis des informations pour éviter des réactions de sa part? Si tel est le cas, qu’est-ce qui fait que j’ai voulu éviter certaines réactions?

Étais-je la bonne personne pour faire cette intervention? Ou y a-t-il quelque chose qui me plaçait dès le départ dans un malaise? Si c’est le cas, comment le décrirais-je? Quel effet cela a-t-il eu sur mon travail d’intervention? Faut-il passer le dossier à quelqu’un d’autre?

Comment je me sens en ce moment?

Est-ce que quelque chose m’est utile dans tout ce que je viens de voir et de mettre au jour dans cette écriture? De quoi s’agit-il?

Maintenant, détendez-vous, respirez doucement et déployez votre compassion pour vous-même. Pour tout ce que vous êtes. Honorez la personne que vous êtes et qui cherche à apprendre dans cette autosupervision. Et rappelez-vous que vous êtes précieuses pour l’humanité 🙂

 

France Paradis

France collabore régulièrement au magazine Naître et grandir et au site Maman pour la vie. Elle offre un éventail de formations aux intervenants sociaux de nombreux champs de disciplines. Vous trouverez les détails ci-haut, sous l'onglet "Formations intervention sociale"

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